L’hybridation consiste à combiner deux ou plusieurs matériaux afin d’apporter des solutions structurales plus optimales. Pour ce faire, il est important de bien connaître les particularités des différents matériaux et de leur mise en œuvre afin de s’assurer d’une implantation sans difficulté pendant la phase d’exécution et d’exploitation du bâtiment. Une bonne planification est également nécessaire dès la phase de conception en limitant les mobilisations en chantier des différents fournisseurs de produits et en contrôlant les zones transitoires.
L’industrie de la construction est un amalgame complexe de micro-industries s’unissant pour livrer un projet. La plus grande contrainte à sa bonne réalisation réside souvent dans la communication entre ces industries. D’un côté, il y a les fournisseurs et les manufacturiers de produits, de l’autre les entrepreneurs qui sont dans l’exécution pour l’installation en chantier dans de nouveaux bâtiments. Entre ces industries, les architectes et les ingénieurs servent de liant en intégrant et coordonnant le tout. La communication entre les intervenants est la clé du succès d’une hybridation de projet bien incorporé.
Utiliser le bon matériau au bon endroit
L’utilisation raisonnée des matériaux fait partie intégrante de l’optimisation d’un projet. Il existe plusieurs formes d’hybridation de projet en bois. Par exemple, il est possible d’effectuer une combinaison de structures en gros bois d’œuvre, en ossature légère en bois, en acier ou en béton. Afin de bien réussir un projet d’hybridation, il est important de bien connaître les particularités des différents matériaux et de leur mise en œuvre. La bonne performance d’un produit ne veut pas dire qu’il est compatible avec tout. Il est donc indispensable de prévoir et de bien analyser le potentiel de mixité des matériaux avant leur intégration. Le potentiel de préfabrication de même que le degré de précision(tolérances) dans la mise en œuvre des différents matériaux doivent aussi être pris en compte.
Chaque matériau possède des caractéristiques intrinsèques qui le rendent plus optimal qu’un autre selon certains critères. Il est aussi bon à noter que la somme des optimums locaux ne génère pas nécessairement un optimal global. Dans cette optique, il est toujours nécessaire d’avoir un pas de recul afin d’obtenir une vision plus holistique et de favoriser la meilleure solution pour le projet dans son ensemble. Cette vision macro est parfois plus difficile à obtenir pour les professionnels du bâtiment. Souvent, ce serait le client, la personne en mesure d’avoir cette vision globale. Mais dans la réalité, les propriétaires ne possèdent pas toujours les aptitudes de visualisation et d’interprétation des détails importants pour son optimisation. C’est pourquoi les clients s’entourent généralement de professionnels tels que les architectes et ingénieurs pour les assister dans leurs prises de décisions.
Communication et planification : la clé pour réussir un projet hybride
Pour bien réussir un projet hybride, il faut, dans un premier temps, être conscient de la chaîne d’approvisionnent de projet et comprendre la dynamique des intervenants (entrepreneur général, entrepreneurs spécialisés, etc.). Il est primordial de privilégier la communication et la collaboration des différents intervenants du projet, et ce, dès la phase de conception. Un enchevêtrement trop important de différents corps de métier simultanément sur un chantier crée des dépendances dans l’exécution de travaux. Il en résulte un chantier non optimal et, par effets collatéraux, une augmentation des calendriers d’exécution et des coûts. En résumé, il est important dès la phase conception de bien délimiter les phases des différents intervenants (entrepreneurs spécialisés) et de limiter les tâches ayant des interdépendances qui nécessitent des mobilisations et des démobilisations de chantier. L’entrepreneur général sur le projet doit aussi s’assurer de coordonner les différents intervenants suivant la séquence d’exécution en chantier.
Les zones de transition et d’interactions entre les différents fournisseurs de matériaux sont souvent les points critiques d’une réalisation de projet. La séparation et la délimitation par phases en conception permettent de simplifier le niveau de coordination entre les intervenants. Pareillement à tous les projets de construction, la communication pendant la phase de conception permettra une meilleure coordination entre les intervenants du projet. Les zones de transition de matériaux demandent des efforts accrus de coordination. De ce fait, les plans et devis doivent présenter minimalement les informations de transition comme des détails de principes et des notes de coordination pour officialiser la collaboration entre les différents intervenants.
Par exemple, dans la pratique, la zone transitoire d’un projet en gros bois d’œuvre et en structure d’acier demande une coordination entre les deux matériaux. Normalement, ce seront différents fournisseurs qui produiront les éléments du projet. Les bonnes pratiques en matière de plans et devis devraient minimalement présenter quelques détails types qui tiennent compte des tolérances de fabrication et d’installation des matériaux. Les détails et les jeux d’assemblages nécessaires à une installation et un montage sans tracas doivent être initialement réfléchis dès la conception initiale. De plus, certaines notes aux plans permettront d’officialiser le « qui fournit quoi », ainsi que de débuter la coordination entre les différents corps de métier.
Certains entrepreneurs spécialisés sont capables de fournir et de coordonner plusieurs matériaux. Cette dynamique de projet permet de diminuer le nombre d’intervenants (sous-traitants) nécessaires à sa réalisation. La coordination entre les différents matériaux est aussi facilitée puisqu’elle est gérée à l’interne. Certains projets publics peuvent rendre difficile l’incorporation d’intégrateurs de structure pour la fourniture de matériaux multiples. Le processus d’appel d’offres (BSDQ ou autre) sépare les différents matériaux qui doivent être gérés dans des lots d’attributions distincts. Il est donc préférable à voir au cas par cas selon le processus de projet.
Les outils et les plateformes de collaboration sont des méthodes intéressantes pour favoriser les échanges, les interactions et l’accès aux données, maquettes et autres informations servant comme base de communication. Ce sont les bases du Building Information Modeling ou Management (BIM). Ces outils numériques seront très certainement de plus en plus utilisés et faciliteront l’intégration des structures hybrides.