En août 2020, le ministère de l’Éducation a transmis aux commissions scolaires le Guide de la planification immobilière qui s’appliquera à la construction de nouveaux bâtiments. Parmi les nombreuses recommandations inscrites, il est stipulé que la présence de bois à l’intérieur de l’école devra être favorisée. Il y est également fait mention de construire selon les principes du développement durable et de créer un environnement qui prend en compte l’humain et son bien-être dans ce milieu où les élèves, les enseignants et le personnel de soutien passent de nombreuses heures chaque semaine.
Cette inclusion du bois dans le document gouvernemental est une bonne nouvelle puisque les résultats d’une enquête menée en Colombie-Britannique ont montré que les écoles en bois subissent moins de vandalisme que celles construites avec d’autres matériaux. La perception par les jeunes que le bois est un matériau de finition expliquerait ce «respect» du bien public.
Avec toutes les normes et règlements qui encadrent la construction des écoles, il n’est cependant pas toujours aisé d’y arriver. L’utilisation du bois y est restreinte pour des raisons de sécurité incendie. Ainsi, le bâtiment ne doit pas compter plus de 2 étages et 2400 m2. Alors, avec toutes ces contraintes qui la régissent, comment est-il possible pour un architecte d’y intégrer le bois?
Faire preuve de stratégie
Michel Jubinville de Jubinville et Associés – Architectes érige des écoles avec une ossature de bois. Il compte environ une dizaine de projets de ce type. L’utilisation du bois pour la construction de ce type d’institution, et ce sans générer des coûts de construction supérieurs, il y croit.
Pour y arriver, il faut envisager l’usage du bois dès le début du projet et user de stratégie. Par exemple, l’une d’entre elles consiste à concevoir les plans pour que du bois de longueur standard puisse être utilisé, ce qui est moins onéreux que la coupe de pièces sur mesure.
L’emploi de murs préfabriqués s’avère également avantageuse sous plusieurs aspects: une diminution de temps de chantier se traduisant par une économie en salaires et pertes dues à des délais de construction prolongés en raison des intempéries. De plus, ces murs fabriqués en usine sont isolés alors qu’ils sont à l’horizontale, ce qui permet une pose plus précise de l’isolant et du coupe-vapeur, assurant ainsi une meilleure isolation.
Mais tout ça n’est-il pas contraignant créativement parlant? «Pas nécessairement, confie l’architecte. On s’y est habitué, on a développé nos trucs. » Et plus les entrepreneurs travaillent sur ce type de projet, plus ils développent des méthodes qui permettent de minimiser les pertes.
Rassurer les clients
Selon Michel Jubinville, les clients du milieu éducationnel sont ouverts à l’utilisation du bois dans la construction des écoles. Il y a toutefois selon lui une certaine éducation à faire. «Il faut rassurer les gens. Ils ont en tête, et c’est normal, les planchers de bois qui creusent dans les vieilles maisons. Mais les procédés ont évolué. Maintenant, nous nous servons de poutrelles de plancher qui font en sorte qu’il restera droit avec les années», précise-t-il.
Il convient néanmoins que l’utilisation du bois à l’extérieur des écoles demeure un défi. «C’est l’entretien de ce revêtement qui rebute les gens. Ils veulent quelque chose de durable qui ne nécessite pas ou peu d’entretien. Il faut respecter ça et ne pas imposer le bois en extérieur dans nos projets et plutôt miser sur son utilisation dans la structure et le parement intérieur», conclut M. Jubinville.