Surplombant l’escarpement de Highland Creek, le nouveau pavillon de l’Université de Toronto s’imposera comme un symbole de réconciliation par son allure distinctive célébrant les savoirs traditionnels des peuples autochtones. Le bâtiment de 1014 m2 est conçu pour promouvoir un sentiment de communauté et d’appartenance parmi les étudiants autochtones en offrant des espaces chaleureux de cérémonies, de rassemblement et d’enseignement, tous inspirés de la tradition. Le site, enrichi par plus de 130 arbres plantés, dont un bosquet de bouleaux, et de plantes médicinales traditionnelles sera agrémenté de magnifiques jardins qui ajouteront une touche vivante et naturelle au projet.
Conçu par la firme autochtone Formline Architecture en consortium avec LGA Architectural Partners, le pavillon s’intègrera harmonieusement au dénivelé de son site, offrant l’illusion que celui-ci en émerge du sol. Une rampe épouse cette déclinaison en amenant les visiteurs du rez-de-chaussée jusqu’au second niveau où se déploiera un espace de rassemblement extérieur face à la vue sublime sur l’escarpement. Alfred Waugh, architecte principal chez Formline Architecture, souligne que « le bâtiment est directement connecté au sol, un reflet de l’importance du lien avec la nature pour les Premières Nations. Nous voulions que la communauté s’y sente liée, même dans un milieu urbain ».
L’intérieur du pavillon offrira une variété d’espaces fonctionnels, comprenant une bibliothèque, des zones communes, des bureaux et des services avec des espaces de rassemblement circulaires aux extrémités. Un atrium traverse les deux niveaux, renforçant ainsi la configuration circulaire des espaces dédiés aux cérémonies. « L’éducation autochtone met l’accent sur l’échange intergénérationnel, ce qui nous a motivés à intégrer des bureaux pour les Aînés ainsi que plusieurs salles de rassemblement dans le pavillon. Notre objectif était de créer un espace non seulement pour les étudiants, mais aussi pour la communauté », explique M. Waugh.
Le bois, un héritage ancestral
Le matériau bois occupe une place centrale dans le projet de la Indigenous House par ses propriétés biophiliques, la réduction de son impact carbone et sa précieuse valeur culturelle. L’utilisation d’essences locales a guidé le choix de l’épinette noire pour la structure et du cèdre blanc de l’Est pour le revêtement extérieur.
L’esthétisme du pavillon puise son inspiration des structures en bois arrondis des communautés autochtones de la côte Est. Les deux extrémités du bâtiment s’inspirent du wigwam pour former une structure ovoïde constituée d’une grille arrondie en lamellé-collé sous laquelle se retrouvera les espaces cérémoniels. La portion émergeant du sol est formée d’une ossature en bois surmontée d’une toiture en bois massif lamellé-collé. Au deuxième étage, une grande partie des murs de cisaillement utilise une charpente légère, tandis qu’au rez-de-chaussée, du bois d’œuvre et du contreplaqué sont employés. Drew Adams, chargé de projet chez LGA Architectural Partners, explique « qu’étant donné les exigences de l’Université de Toronto, le béton est utilisé pour les fondations et la rampe, mais son mélange est réfléchi. Celui-ci est à très faible teneur en carbone et l’isolant choisi réduit également l’empreinte carbone. Nous avons privilégié l’utilisation du bois autant que possible ».
Le revêtement extérieur est entièrement en panneaux de cèdre blanc de l’Est qui proviennent de la vallée de l’Outaouais, composés de larges bardeaux sciés bruts d’un mètre de long. Pour assurer une durabilité d’au moins 50 ans, ces bardeaux plus larges limiteront la déformation et confèreront au bâtiment une apparence naturelle au fil du temps. « Il ressemblera à un des bâtiments du passé traditionnel. Nous l’avons préteinté pour obtenir une belle couleur argentée au fil des ans. C’est vraiment l’intention derrière tout cela : faire en sorte que le bâtiment semble intégré à la terre, comme s’il avait toujours été là. Le bois est un des seuls matériaux qui garde vraiment une beauté en vieillissant, ce qui le rend idéal pour des projets qui veulent traverser le temps », nous précise M. Adams.
Des techniques d’autrefois
Le pavillon de l’Université de Toronto s’inspire des techniques de chauffage et d’isolation des wigwams traditionnels d’hiver, qui avaient l’habitude d’employer un cylindre en écorce de bouleau . Ce projet adapte cette méthode en intégrant un système géothermique avec une ventilation passive. Un réseau de tubes souterrains prélève l’air naturel, exploitant la température stable du sol, environ 3,5 mètres sous la surface, pour le refroidir en été ou le chauffer en hiver avant qu’il n’atteigne la chaufferie et ne soit distribué dans le bâtiment par une ventilation en béton sous l’apparence d’un totem. Ce système de chauffage et de refroidissement respecte les valeurs traditionnelles et élimine le besoin de détecteurs de fumée, ce qui permettra de mener des cérémonies de purification à l’intérieur sans interruption. Au lieu de détecteurs de fumée conventionnels, il y aura des capteurs de chaleur pour permettre la pratique culturelle du fumage dans tout le bâtiment.
La Indigenous House de l’’Université de Toronto à Scarborough se distingue par sa volonté de recréer un espace traditionnel accueillant pour tous ses visiteurs. Ce projet, prévu pour avril 2025 représente sans aucun doute un atout précieux pour la communauté universitaire, favorisant le dialogue et l’engagement autour des valeurs autochtones.
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Équipe de projet
Client: University of Toronto Scarborough Campus
Architectes: Formline Architecture et LGA Architectural Partners
Ingénieurs en structure : Equilibrium Consulting Inc.
Ingénieurs électromécaniques : Integral Group
Ingénieurs civils : MTE
Architectes paysagistes: Public Work
Fournisseurs de bois : Structure Fusion