La Ville de Skellefteå, en Suède, a inauguré la semaine dernière un bâtiment de 20 étages en bois, surplombant les environs du haut de ses 75 m. Nommé le Sara Cultural Centre, ce dernier vient rejoindre la liste des plus hauts bâtiments en bois au monde aux côtés de Mjøstårnet (85 m), en Finlande, et Brock Commons (53 m), en Colombie-Britannique. Sa structure innovante s’inscrit dans la volonté de construire un édifice à l’empreinte carbone négative pour les 50 prochaines années.
Réalisé par White Arkitekter, l’édifice dont la construction a été lancée en 2015 abrite un important centre culturel, dont une salle de spectacle de 1200 places, une bibliothèque, une galerie d’art, le musée Anna Norlander et même un hôtel avec restaurants, spa et salles de conférences.
Ce bâtiment vient répondre parfaitement à la croissance démographique fulgurante de la ville qui prévoit passer de 72 000 habitants à 100 000 habitants en 10 ans, une hausse à laquelle même la ville de Stockholm ne peut prétendre, estime le renommé critique en architecture suédois Mark Isitt. La raison : la construction en périphérie de la ville de la plus importante usine de fabrication de batteries en Europe qui, à terme, emploiera 3000 personnes. Et ça, c’est sans compter la famille de ces travailleurs et les nouvelles entreprises que cet immense projet est susceptible d’attirer.
Renouer avec la tradition
La ville de Skellefteå a une longue tradition en ce qui a trait à la construction en bois. L’industrie du bois y est d’ailleurs très importante. Malheureusement, plusieurs habitations et bâtiments en bois ont disparu au fil des années lorsque le centre-ville s’est modernisé. Ce nouveau bâtiment en bois vient renouer avec cet héritage historique tout en employant les plus récentes technologies et les dernières innovations dans le domaine de l’ingénierie.
«L’un des plus grands défis du projet consistait à convaincre les gens de construire quelque chose qui n’avait jamais été construit auparavant. Mais avec la volonté et l’ambition d’innover dans l’architecture bois et la construction durable, nous avons maintenant réalisé le projet avec une structure entièrement en bois», expliquent Robert Schmitz et Oskar Norelius, les principaux architectes ayant travaillé sur ce projet.
Un système structural novateur
Pour construire l’édifice, deux systèmes structuraux différents ont été développés par l’ingénieur Florian Kosche : un pour le centre culturel et un pour l’hôtel s’élevant sur 20 étages. Cette dernière partie a été réalisée à l’aide de modules préfabriqués en bois lamellé-croisé (CLT) empilés entre deux cages d’ascenseur également en CLT. La section de plus faible hauteur a, quant à elle, été construite avec une structure de poutres et colonnes en bois lamellé-collé avec des murs de cisaillement en CLT. Les deux systèmes collaborent pour répartir les charges de cisaillement de la tour en utilisant le moins de matériaux possible. Les fermes caractéristiques au-dessus des grands foyers sont en fait une structure hybride combinant le bois lamellé-collé et l’acier qui permet un espace flexible et ouvert pouvant s’adapter à différentes utilisations au fil du temps.
Un pas vers la carboneutralité des bâtiments
Ce projet est une étape pour White Arkitekter. La firme d’architecture suédoise souhaite en effet que tous les bâtiments qu’elle conçoit soient carboneutres ou près de l’être d’ici 2030. La construction en bois est une solution de choix pour y arriver. Par exemple, le Sara Cultural Centre séquestre le double de carbone que ce qui a été émis pendant la fabrication des matériaux, le transport et l’assemblage sur le chantier. Le design met aussi de l’avant un système énergétique novateur développé par Skellefteå Kraft et ABB ainsi que des panneaux solaires sur le toit. Tous ces moyens font en sorte que le Sara Cultural Centre aura une empreinte carbone négative pour les 50 prochaines années selon ses concepteurs. Il est possible de consulter le rapport analysant les émissions de GES pour ce bâtiment ici.