« Industriel », synonyme de « froideur », « dureté » et « béton »? Le mythe est démenti pour de bon ! La firme A229 a prouvé cette année qu’il était possible de s’attaquer à un projet de centre industriel avec la vision d’un lieu chaleureux, accueillant, et surtout, écoresponsable. Le tout grâce à sa structure en bois !
Le long du canal de Bruxelles se dresse depuis peu le centre de tri BUDA, bâtiment d’environ 9660 m2, gracieuseté de l’Agence Bruxelles Propreté. Avant le début des travaux, le site d’une surface considérable de 30 000 m2 était peu aménagé et à peine utilisé. Aujourd’hui, il s’harmonise sans problème avec la piste cyclable, la promenade et les charmants espaces publics du canal. Comment expliquer ce tour de force? Messieurs Renaud Van Espen et Jaime Eizaguirre, architectes associés chez A229 et principaux responsables du projet, nous parlent de leur travail.
Particularité saillante, le bois massif apparent compose presque toute la structure primaire du centre. Il s’agit-là d’une proposition des concepteurs, accueillie avec enthousiasme par un client désireux de montrer ses installations sous un jour exemplaire. Dans les halls industriels, les fermes de toit et les colonnes sont en bois lamellé-collé, tandis que le platelage en toiture est en acier. Le contreventement dans le sens court est assuré par des murs de refend en béton tandis qu’un mélange de diagonale en bois et de murs de refend en béton contrevente la direction longitudinale. En toiture, des diagonales en bois participent à la stabilité du diaphragme.
Pour ce qui est du bâtiment central, les poutres et colonnes en bois lamellé-collé supportent les planchers de CLT. Ceux-ci servent également de diaphragme, transmettant les efforts latéraux au noyau central en béton. Monsieur Eizaguirre précise que contrairement à la croyance populaire, le bois répond parfaitement aux besoins industriels. « Résistant, robuste, facile à construire, facile à entretenir, il répond à toute une série de demandes bien spécifiques. En fait, peu de choses ne peuvent pas être faites en bois, même dans le contexte industriel. » La résistance au feu de la structure du hall est R30 min et celle du bâtiment central est R60 min. Les éléments bois ont été dimensionnés pour permettre de répondre aux normes incendies sans devoir rajouter de finitions complémentaires ou de traitements feu (peinture, vernis). Les concepteurs ont tenu à faire s’exprimer le matériau dans l’architecture, et ce, autant dans les halls industriels que dans les bâtiments administratifs qui le composent.
Prouesse remarquable, les fermes de toit en bois lamellé-collé de 30 m de portée situées dans les halls industriels se démarquent comme l’une des particularités les plus frappantes du projet. D’une hauteur de 2,50 m, ces fermes en sapin local ont été préfabriquées puis acheminées en un seul morceau sur le site durant la nuit, afin d’accélérer davantage le processus de montage. Les concepteurs ont planifié ce processus avec un véritable souci de monter rapidement ce qui devait être érigé sur place.
La grande résille en bois lamellé-collé apparente en façade donnant sur le canal en fait une vitrine distinctive du bâtiment. Cette façade n’est pas sans rappeler l’élégance de celle du Centre Technologique des Résidus Industriels (CTRI), situé à Rouyn-Noranda, preuve que le bois peut être utilisé pour des bâtiments industriels au Québec.
Outre ces utilisations du bois, les responsables du projet se sont montrés conscients de la biophilie liée au bois en le laissant presque entièrement apparent. La qualité de vie des travailleurs ainsi que la perception des passants venus profiter des abords du canal ont grandement motivé ce choix. Jaime Eizaguirre nous explique qu’il « y a une volonté d’ouverture et de se montrer, face à la ville et au public, comme un site exemplaire, dans lequel on a intégré les concepts de durabilité, d’espaces verts et une certaine ouverture vers le public, même s’il y a toute une série de fonctions qui sont forcément fermées et internes. » On dénote donc un désir de lutter activement et consciemment contre l’idée d’un centre industriel « froid » et « austère ». « Ce n’est pas parce que c’est industriel que ça doit être dur, fermé sur soi-même… Surtout puisque le site est à côté du canal de Bruxelles », poursuit Eizaguirre.
Les architectes remarquent que les bâtiments en bois semblent s’imposer de plus en plus dans le paysage urbain de Bruxelles. Une évolution qui s’installe petit à petit, certes, mais qui devrait progressivement augmenter en cadence dans le domaine de l’architecture.
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Équipe de projet
Client : Agence Bruxelles Propreté
Architectes : A229
Ingénieurs : Stabili.D
Entrepreneur général : Socatra