Dans une des classes de cinquième année de l’école primaire du Harfang-des-Neiges, à Stoneham, vous serez peut-être surpris d’entendre, outre des voix d’enfants animées, des bruits de scies, de marteaux. Vous sentirez probablement aussi l’odeur du bois fraîchement travaillé. Mais il ne faudrait surtout pas déranger ces élèves à l’œuvre : leurs jeunes cerveaux sont concentrés à construire une maquette en bois. Il ne s’agit ici que d’un des aspects d’un projet éducatif unique en son genre qui, comme un arbre, a germé et donné de multiples branches.
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Yoan Villeneuve, leur enseignant, raconte comment est né ce projet qui a grandi au-delà de ses espérances. « L’idée est venue fin septembre / début octobre à la suite de la présentation d’une des mamans des élèves, Caroline Gosselin, qui est ingénieure forestière. » Cette rencontre a eu pour effet de sensibiliser le professeur et ses élèves à la forêt qui entoure l’école. Ils se sont alors intéressés aux différentes essences d’arbres, à la gestion de la forêt… « Je dois avouer que j’ai toujours aimé le bois et je suis même ébéniste à mes heures. », ajoute Yoan. De fil en aiguille et devant la curiosité des élèves, le professeur a décidé de pousser plus loin ce sujet et de l’explorer sous tous les angles. Caroline Gosselin, la mère à l’origine de cet intérêt des élèves, a d’ailleurs fourni plusieurs informations et guidé ces jeunes explorateurs dans leur apprentissage à propos d’une ressource qui leur tenait beaucoup à cœur.
De petits scientifiques en herbe
Le projet comporte deux grands volets : 1– la forêt et 2– le bois comme matériau structural. « J’ai créé de petits comités avec mes élèves pour découvrir différents aspects de ce projet : un comité sur les métiers de la forêt, un comité sur les dangers qui guettent la forêt, un comité sur la pollution… Chaque comité doit faire ses propres recherches et me revenir avec leurs questions », précise l’enseignant. Caroline Gosselin a suggéré aux élèves d’écouter le documentaire L’Erreur boréal, mais aussi, L’homme qui plantait des arbres. « Ils se sont demandé si on pratiquait encore les coupes à blanc, si le carbone restait emprisonné dans le bois une fois coupé puis transformé en produits », donne comme exemple M. Villeneuve.
Sensibiliser les jeunes à la construction en bois
En plus de chercher à s’informer sur la forêt, les apprentis scientifiques doivent également concevoir une maquette en bois. Répartis en cinq équipes de cinq (dont une de six), ils ont dû dessiner des plans, élaborer un concept puis se répartir les tâches afin de réaliser leur structure. L’enseignant dit s’être beaucoup inspiré du Défi Cecobois pour ce deuxième volet. « Lorsque les maquettes seront terminées, nous allons les juger selon des critères similaires à ceux du Défi, soit le respect de la superficie maximale, la solidité, l’esthétique… ». Le meilleur concept sera ensuite présenté à la mairie de Stoneham afin de proposer que la structure de la patinoire couverte prévue pour être construite prochainement soit en bois.
Cecobois est d’ailleurs très fier d’avoir contribué à ce projet en donnant aux élèves une partie du bois non utilisé lors du dernier Défi Cecobois tenu plus tôt cette année. Afin d’encourager chaque équipe à bien planifier son projet et pour éviter le gaspillage, l’enseignant a même instauré une sorte de « magasin » où les élèves doivent « acheter » le bois dont ils auront besoin. Les achats de chaque équipe sont consignés dans un tableau et seront pris en compte lors de la sélection du meilleur projet à présenter au maire.
« La beauté du projet, c’est que non seulement les élèves découvrent le domaine du bois et de la forêt, mais ils apprennent de façon concrète les notions académiques prévues cette année en français, en sciences, en mathématiques et même en économie », s’enthousiasme Yoan Villeneuve. Ils doivent, par exemple, apprendre à composer des lettres pour remercier un sylviculteur et un ingénieur en structure, qui est en fait le frère de l’enseignant, qui leur ont donné des informations utiles à leurs réflexions et à leur projet de construction. Les élèves ont également pu mettre en pratique ce qu’ils ont appris au sujet des angles, des unités de mesure et de la géométrie, entre autres.
Petites poussent deviendront grandes
Yoan Villeneuve n’est pas peu fier du travail accompli par ses élèves, mais aussi, de l’ampleur qu’a pris le projet. « C’est ahurissant de voir l’implication des élèves, ajoute-t-il, fier de ses ouailles. Il y a tellement une belle collaboration non seulement entre eux, mais aussi, avec leurs parents. Les jeunes ramenaient l’école à la maison. Ils me disaient souvent être allés en forêt pendant la fin de semaine ou être allés visiter un bâtiment en bois avec leurs parents. »
Le projet ne s’arrête d’ailleurs pas là. Devant l’enthousiasme suscité par la graine qu’il avait plantée, l’enseignant est en discussion avec un collègue en charge d’une classe de sixième année afin de poursuivre l’apprentissage. « Les élèves de sixième année ont des cours sur l’électricité. J’ai donc pensé que ce serait intéressant que les élèves apprennent à développer des circuits électriques pour éclairer les maquettes en bois. »
En plus de ramener de beaux souvenirs de leur première expérience de construction, les élèves vont être chacun en charge d’un petit plant de pin gris pendant les vacances de Noël, lesquels ont d’ailleurs été fournis par Caroline Gosselin. Ils devront les arroser et en prendre soin pour qu’au printemps ils puissent les planter quelque part dans la cour de l’école. Un comité d’élèves est d’ailleurs en discussion avec la direction de l’école afin de trouver l’endroit idéal et obtenir l’autorisation de planter leurs arbres.
Des arbres qui, comme ces élèves, vont grandir et s’épanouir dans un monde plus sensible que jamais à l’importance de bien gérer la forêt et de construire en bois pour lutter contre les changements climatiques.