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Utilisation du bois dans les écoles : parole aux architectes

3 janvier 2022

Que pensent les architectes de l’utilisation du bois dans les écoles? Quatre architectes québécois partagent leur expérience.

Dany Blackburn, architecte associé – PA LEED, HQE, ABCP architecture

« Quel est le meilleur usage du bois dans cette nouvelle école? »

Cette question apparaît très tôt dans le processus de conception au sein de notre équipe lorsque nous abordons des projets d’agrandissement ou de construction de nouvelles écoles. Les réponses peuvent être multiples : en structure de lamellé-collé ou en ossature légère, en revêtement de sol, mural ou au plafond ou encore en ébénisterie. Les éléments qui guident notre réponse sont, bien sûr, le concept architectural, mais aussi l’apport biophilique du bois à la réussite éducative, le respect du budget et la réglementation en place. L’utilisation d’une structure à ossature légère, par exemple, peut paraître surprenante en donnant des allures résidentielles aux chantiers institutionnels, mais est tout à propos dans le contexte d’agrandissement des écoles Duplessis des années 1960, elles aussi en structure de bois. Pour être couronnée de succès, l’utilisation du bois doit se faire de façon concertée entre le client, l’ingénieur et l’architecte. Un travail collaboratif et un fin arrimage dans la coordination s’imposent pour utiliser le bois au meilleur de sa capacité, tout en assurant la flexibilité des espaces et les possibilités d’agrandissements dans le temps.

Lorsqu’on voit l’entrepreneur général prendre des photos de drone de l’érection de la charpente de bois d’une nouvelle école, on se dit que le sentiment de fierté qui vient avec l’utilisation de ce matériau local et renouvelable est collectif.

École de l’Aventure. Photo : David Boyer.

Martin Lavergne, architecte sénior associé, M.Sc.Arch., PA LEED BD+C, Coarchitecture

Ayant concrétisé plus d’une dizaine de projets d’envergure intégrant une structure de bois, Coarchitecture privilégie l’utilisation de ce matériau pour :

  • Sa capacité à stocker le carbone et réduire l’empreinte écologique du parc immobilier;
  • Sa provenance régionale favorisant le développement de l’expertise technique locale;
  • Son aspect chaleureux contribuant à rehausser la qualité de l’espace par sa présence.

Nous avons récemment eu la chance de pouvoir introduire ce type de structure dans la conception de l’atrium principal de la nouvelle école secondaire de Charlesbourg-Nord / Chauveau, laquelle est présentement en construction.

Concevoir une structure en gros bois d’œuvre dans un bâtiment incombustible de trois étages amène quelques défis réglementaires qui ont nécessité la collaboration de l’ensemble des intervenants du projet (SQI, Centre de services scolaire des Premières-Seigneuries, Cima + Stantec (Ing.), Coarchitecture/Brigad (arch.)) et de quelques collaborateurs (MFFP, Technorm) pour l’élaboration d’une demande de mesure équivalente auprès de la RBQ. Cette demande, qui a été acceptée par la RBQ, comprenait notamment l’isolement de l’atrium par rapport au troisième étage par une séparation coupe-feu de 1h et la simulation d’incendies localisés démontrant que le pontage de la toiture ne prenait pas en feu.

Véritable cœur du projet où converge l’ensemble des élèves dans leurs déplacements et lors de leurs pauses, la structure de bois de l’atrium se déploie comme une métaphore au boisé de l’ancien zoo qui lui est adjacent et joue le rôle d’une vitrine contribuant à mettre en valeur le site exceptionnel dans lequel le projet s’inscrit. La structure est conçue selon le concept « d’une forêt devant la forêt », rendant hommage à l’immensité des arbres environnants.

Atrium de l’école secondaire de Charlesbourg-Nord.

Pascal Beaudoin, architecte associé, PA LEED BD+C, Leclerc

L’introduction de bois apparent dans les projets d’école réalisés par Leclerc architectes remonte à plus de 20 ans. Notre province regorge de bois, une ressource naturelle, renouvelable et locale, minimisant son impact d’un point de vue environnemental. Il était contre-intuitif de ne pas l’utiliser.

Nous avons constaté le potentiel extraordinaire du bois, que ce soit dans les divers systèmes structuraux, les revêtements intérieurs et extérieurs de finition et tout récemment dans les diverses solutions d’isolations thermiques et acoustiques. En résumé, le bois offre des possibilités infinies en termes d’utilisation dans les projets d’école.

Par exemple, nous achevons actuellement pour le centre de services scolaires Marie-Victorin la construction de la première école en gros bois d’œuvre de 3 étages au Canada. Ce projet sort des schémas habituels de construction d’écoles, notamment d’un point de vue structural, où le choix des matériaux fait encore la part belle au béton ou à l’acier. Espérons que ce projet novateur permettra de faire avancer le dossier du bois dans les écoles auprès des autorités compétentes.

Le bois peut également servir d’atout dans l’isolation des bâtiments comme dans le projet du Lab-École de Maskinongé où l’utilisation de matériaux biosourcés, tels que la fibre de bois, ont été retenus pour l’isolation thermique et acoustique des bâtiments. Cette première au Canada pour un bâtiment institutionnel est soutenue pour le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, et servira de vitrine pour l’utilisation de ce type de matériau.

Enfin, notons que l’utilisation du bois pour les revêtements intérieurs et autres éléments du mobilier, tout comme l’utilisation d’une structure de bois apparent, a une influence positive sur la santé et le ressenti des élèves et du personnel scolaire. Perçu comme protecteur et chaleureux, ce matériau contribue à la réduction du stress, permet d’augmenter le niveau d’attention et procure un sentiment de bien-être pour les usagers.

Durable, écologique, sain pour la santé et offrant de multiples opportunités, nous pouvons affirmer que l’utilisation du bois devient un incontournable dans le futur de nos écoles à travers la province.

École Vauquelin. Photo : courtoisie

Pierre André Levesque, architecte associé chez BGLA, architecture et design urbain

Le portfolio de BGLA se garnit continuellement d’agrandissements ou de nouveaux projets d’écoles. Bien sûr, nous appuyons toujours l’idée de les proposer en bois, cependant, il est permis de se poser la question de la pertinence du matériau, dans l’optique d’atteindre un certain niveau de satisfaction, soit pour le client, pour le budget ou pour l’ambiance recherchée.

Dans un agrandissement récent d’école primaire/secondaire où la structure de l’existant était constituée de poteaux-poutres en acier et de pontages en mill floor, nous avions évalué la possibilité de faire un agrandissement ‘’tout bois’’, malgré que la superficie de l’existant était importante et que l’agrandissement aurait nécessité de construire un bâtiment séparé – donc un projet plus coûteux.

Selon un principe qui nous guide souvent dans ce genre de situation, soit d’appliquer ‘’au bon endroit le bon matériau’’, nous avons pris le parti de nous inspirer de la structure existante, d’en tirer profit pour l’agrandissement et ainsi, d’être plus contextuel et intégré au bâtiment d’origine dans notre approche conceptuelle.

Le bâtiment dans son ensemble étant muni de gicleurs et construit sur deux étages, nous avons reconduit bien sûr ces conditions pour l’agrandissement. Nous avons choisi de poursuivre l’idée du système structural de poteaux-poutres en acier. Ces prémisses établies, le code nous autorisait tout de même, malgré la grande superficie du projet, de construire des toitures en gros bois d’œuvre. C’est ainsi que nous avons opté pour l’installation de pontages de toiture en bois lamellé-croisé, qui étaient dans la même ligne de pensée que les pontages en bois (mill floor) du bâtiment d’origine.

Ainsi, plutôt que d’imposer un choix structural d’une autre nature, notre stratégie en a été une d’intégration en continuité du caractère de l’existant. Les nouvelles poutres en acier des plafonds ont été peintes de couleur sombre et le bois des nouveaux pontages laissé naturel. Il en est ressorti un projet sobre et élégant, mettant en valeur le bois, dont la localisation dans les plafonds est indéniablement mise en valeur et appréciée pour son apport biophilique et son côté chaleureux.

École secondaire Dollard-des-Ormeaux. Photo : Stéphane Groleau, gracieuseté de BGLA.