Le bois traité sous pression, communément appelé bois traité, est en fait un bois qui a été imprégné d’un produit de préservation contenant un agent actif tel que le cuivre, le chrome ou le bore à l’intérieur de ses cellules. Ce traitement s’avère un moyen efficace afin de le rendre le bois utilisé à l’extérieur plus résistant à la moisissure et aux insectes, et donc de prolonger sa vie utile.
L’imprégnation du produit de traitement s’effectue en usine, sous atmosphère contrôlée, et en employant différentes combinaisons de températures, d’agent de diffusion (eau ou huile), de pression et de vide d’air. La durée du traitement varie selon l’essence traitée, l’utilisation finale du produit, ainsi que le taux de pénétration et de rétention requis pour celui-ci. Pour certaines essences et certains usages, le bois sera même incisé afin d’accroître la pénétration en profondeur de la solution de traitement.
Le traitement sous-pression n’est toutefois pas suffisant à lui seul pour assurer une protection adéquate du bois contre les intempéries. C’est pourquoi il faut également appliquer un produit de finition destiné à l’usage extérieur, comme une huile ou une peinture extérieure, afin de s’assurer que le bois résiste à l’eau et aux rayons UV.
Habituellement de couleur verdâtre, le bois traité est aujourd’hui disponible dans des teintes de brun. Présentement, les produits de bois traité au CAQ, à l’AC-B et à l’ACM sont disponibles en couleur brune dans plusieurs régions du Canada.
- Classes d’emploi du bois traité
- Les produits de préservation utilisés
- Quels produits du bois peuvent être traités?
- Les éléments à spécifier pour le bois traité
Classes d’emploi du bois traité
Au Canada, les produits de bois traité sous pression sont régis par la norme CSA O80 Série-08 – Préservation du bois de l’Association canadienne de normalisation. Cette norme fournit les exigences nécessaires afin de créer un produit de bois traité sous pression durable et efficace pour l’environnement dans lequel il sera utilisé.
La norme CSA O80 présente un système de classe d’emploi inspiré du système élaboré par l’American Wood Protection Association (AWPA) aux États-Unis. Le système de classe d’emploi de la norme CSA O80 a été adapté au marché canadien afin de prendre en considération les différences observées sur le plan de la production et de l’utilisation du bois traité. Ce système définit cinq classes d’emploi selon les conditions d’utilisation. Ces cinq classes sont subdivisées en sous-classes et il existe une sixième classe distincte qui s’applique aux produits de bois ignifugés. Le tableau ci-dessous présente les différentes classes d’emploi pouvant être spécifiées lors de l’élaboration d’un devis :
Norme CSA 080 – CLASSE D’EMPLOI DU BOIS TRAITÉ POUR LA CONDITION D’UTILISATION PRÉVUE
Classe d’emploi | Conditions d’utilisation |
Milieu d’utilisation |
Utilisation typique |
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CE1 | À l’intérieur – hors sol – sec | Protégé contre les intempéries, mais peut-être exposé à l’humidité | À l’intérieur et matériau de finition de construction | |
CE2 | À l’intérieur – hors sol – humide | Protégé contre les intempéries et autres sources d’humidité | À l’intérieur | |
CE3.1 | À l’extérieur – hors sol – revêtu et évacue l’eau rapidement | Protégé contre les intempéries par un revêtement ou un bardage et non exposé à un mouillage prolongé | Menuiserie, parement et moulures revêtus | |
CE3.2 | À l’extérieur – hors sol – non revêtu et évacue l’eau lentement | Exposé à toutes les intempéries, y compris un mouillage prolongé | Platelage, solives de terrasse, rampes, piquets pour clôture et menuiserie non revêtue | |
CE4.1 | Contact avec le sol ou l’eau douce – composants non essentiels | Exposés à toutes les intempéries; conditions d’exposition normales, y compris les éclaboussures d’eau salée | Pieux pour clôture et terrasse, sciages et bois d’œuvre de charpente, traverses et poteaux des services publics situés dans des aires à faible risque de pourriture1 | |
CE4.2 | Contact avec le sol ou eau douce – éléments de charpente essentiels ou difficiles à remplacer
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Exposés à toutes les intempéries – risque de pourriture* élevée | Endroit à fort potentiel de pourriture1 – fondations en bois, pilots de terre, d’eau douce et de fondation, poteaux de construction, pieux pour usage horticole, traverses de voie et traverses d’aiguillage et poteaux des services publics utilisés dans les aires à risque de pourriture1 élevé | |
CE5A
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Eaux côtières, eau saumâtre ou salée et zone boueuse adjacente | Exposition continue à l’eau salée ou à un milieu marin | Pilots, caissons à claire-voie, cloisons, contreventements, sciages et bois d’œuvre | |
CEF.1 | Protection incendie selon les codes – à l’intérieur, hors-sol | Protégé contre les intempéries et autres sources d’humidité | Fermes de toit et sous-toitures, poteaux d’ossature, solives et lambris |
Ce tableau est reproduit avec la permission de l’Association canadienne de normalisation (exerçant ses activités sous la dénomination de Groupe CSA), le document est reproduit à partir de la norme de Groupe CSA, «CAN/CSA O80 série-08, Préservation du bois», dont la licence et les droits d’auteur appartiennent à Groupe CSA, 178 Rexdale Blvd., Toronto, ON, M9W 1R3. Ce document réimprimé ne correspond pas à la position complète et officielle de Groupe CSA sur le sujet de référence, laquelle est représentée par la norme dans sa version intégrale. L’utilisation de ce document a été autorisée, mais Groupe CSA ne sera pas responsable de la façon dont l’information est présentée et interprétée. Pour obtenir plus de renseignements ou pour acheter des normes auprès de Groupe CSA, veuillez consulter le site http://shop.csa.ca/ ou composer le 1-800-463-6727.
1Le mot « moisissure » est utilisé dans la version française actuelle de la norme CSA O80.
Celui-ci sera modifié par le mot « pourriture » dans les futures éditions. Contrairement aux moisissures, qui provoquent uniquement une décoloration du bois en surface, la pourriture endommage la structure interne du bois de façon importante, ce qui se traduit par une perte de résistance.
Les produits de préservation utilisés
Les produits de préservation sont classés en deux groupes distincts selon qu’ils utilisent l’eau ou l’huile comme agent intermédiaire pour faire pénétrer le produit dans le bois. À l’heure actuelle, dix produits de préservation sont homologués au Canada par l’Agence canadienne de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), un organisme sous l’égide de Santé Canada. Le rôle de cette agence est d’assurer que les produits de préservation proposés par les fournisseurs ne posent aucun risque pour la santé humaine ou l’environnement, qu’ils sont utilisés de façon sécuritaire et que la performance de ces produits est adéquate pour les diverses utilisations auxquelles ils sont destinés. Les produits de préservation font d’ailleurs l’objet d’une révision tous les quinze ans, ou plus tôt si l’évolution des connaissances ou des technologies justifie une révision hâtive.
Le produit de préservation et l’agent actif utilisés sont soit estampillés directement sur le bois, soit imprimés sur une étiquette fixée au bout des pièces de bois traités.
Les principaux produits de préservation disponibles sur le marché pour des usages résidentiels, récréatifs, commerciaux ou agricoles sont les suivants :
Cuivre alcalin quaternaire (CAQ)
Le cuivre alcalin quaternaire est un produit de préservation composé de cuivre comme ingrédient actif et dont l’efficacité contre les organismes pathogènes est reconnue depuis longtemps. Le composé quaternaire fournit une protection supplémentaire contre les champignons et les insectes que le cuivre seul ne pourrait pas contrôler. Le bois traité au CAQ (ou ACQ en anglais) peut être utilisé à l’intérieur ou à l’extérieur des bâtiments, plus particulièrement pour les terrasses, les patios, les clôtures et les quais. Celui-ci peut être utilisé en contact avec le sol s’il est traité pour cette application.
Azole de cuivre, type B (AC-B)
L’azole de cuivre est composé de cuivre qui agit comme principal ingrédient actif et de tébuconazole qui agit comme cobiocide. Le bois traité au AC-B peut être utilisé à l’intérieur ou à l’extérieur des bâtiments, plus particulièrement pour les terrasses, les patios, les clôtures et les quais. Celui-ci peut être utilisé en contact avec le sol s’il est traité pour cette application.
Azole de cuivre micronisé (ACM)
L’azole de cuivre micronisé est un produit de préservation à base de cuivre micronisé, un cuivre réduit en très petites particules. Cette technologie est très récente sur le marché canadien. Le système à base de cuivre micronisé n’utilise aucun solvant organique pour la formulation de la solution de cuivre. Des particules de cuivre de taille submicronique (plus petite qu’un millionième de mètre) sont déposées physiquement dans les cellules du bois sous forme solide. Les microparticules de cuivre sont ensuite fixées au bois sous pression. Le bois traité à l’ACM peut être utilisé à l’intérieur ou à l’extérieur des bâtiments, plus particulièrement pour les terrasses, les patios, les clôtures et les quais. Celui-ci peut être utilisé en contact avec le sol s’il est traité pour cette application.
Octaborate disodique tétrahydraté « borates » SBX
Catalogué comme un oxyde de bore (SBX), l’octaborate tétrahydraté disodique (OTD) est l’ingrédient actif du produit de préservation du bois au bore. Il protège le bois contre de nombreux organismes, dont les champignons de carie (pourriture humide ou sèche), les insectes xylophages ou perce-bois (coléoptères de mobilier, capricornes de maison, bostryches, fourmis charpentières) et les termites souterrains, y compris le termite de Formose, l’un des plus voraces au monde. Il est toutefois important de préciser qu’à l’exception de quelques zones très restreintes, les termites ne sont naturellement pas présents au Canada.
Les borates sont des composés naturels formés d’oxygène et de bore, l’un des 109 éléments du tableau périodique des éléments. Lorsque le bois est utilisé à l’abri des intempéries, les borates demeurent inertes et se fixent à l’intérieur du bois sans se dégrader ni se décomposer. Toutefois, ils se dissolvent et peuvent être lessivés si le bois est exposé à l’eau de pluie ou à une humidité excessive. C’est pourquoi le bois traité au borate est toujours utilisé dans des endroits protégés de l’humidité et hors sol. Il est principalement utilisé pour le bois de charpente dans les régions où les termites sont présents.
Arséniate de cuivre chromaté (ACC)
L’arséniate de cuivre chromaté est un produit qui contient de l’arsenic inorganique, du chrome et du cuivre. En 2004, l’ACC a été retiré volontairement du marché résidentiel à l’exception de certaines applications, comme les fondations en bois permanentes. Il faut toutefois savoir que la composition chimique et la toxicité des composés arsénieux varient de façon importante selon le type d’arsenic utilisé. L’arséniate pentavalent inorganique, une des principales matières actives entrant dans la composition de l’ACC, est naturellement présent à l’état de traces dans la terre, l’eau, l’air, les végétaux ainsi que dans les tissus de la plupart des êtres vivants, y compris les êtres humains. Il ne faut surtout pas le confondre avec les composés arsénieux trivalents, en général plus toxiques, qui ne sont jamais utilisés dans le traitement du bois sous pression.
L’ARLA a créé le guide Orientation en matière d’étiquetage concernant l’utilisation de l’arséniate de cuivre chromaté (ACC) destiné à renseigner sur les utilisations autorisées dans le traitement du bois. Une copie du document peut être obtenue en contactant Préservation du bois Canada ou l’ARLA. On utilise principalement le bois traité à l’ACC pour les poteaux de glissières de sécurité sur les autoroutes, les poteaux de téléphone, les poteaux et pieux de clôtures industrielles et agricoles, le contreplaqué à usage industriel ainsi que pour les constructions immergées dans l’eau salée ou saumâtre et les fondations permanentes en bois. Celui-ci peut être utilisé en contact avec le sol s’il est traité pour cette application.
Quels produits du bois peuvent être traités?
La majorité du bois de sciage ou du bois rond peut être traitée avec un agent de préservation. Compte tenu des caractéristiques naturelles du bois, certaines essences ou combinaisons d’essences sont plus faciles à traiter que d’autres même si le traitement comporte des incisions. C’est le cas, par exemple, du pin rouge. Le pin gris, l’épinette (noire et blanche) et le sapin sont également des essences communément traitées au Québec. Il est conseillé d’obtenir les informations nécessaires quant à la capacité de l’essence ou de la combinaison d’essences à être traitée et aux variations possibles avant de spécifier celle-ci ainsi que le produit de préservation à être utilisé dans les documents de construction. La clause 8 – Essence et combinaisons d’essences de la norme CSA O80 série 08 – Préservation du bois, offre l’information nécessaire afin de déterminer quelles essences sont favorables à votre type d’application et au traitement désiré. Il faut aussi noter que la disponibilité des essences peut varier d’une région à une autre.
Les éléments à spécifier pour le bois traité
Pour faciliter le travail des producteurs de bois traité, des acheteurs ainsi que des rédacteurs de devis, les documents de construction d’un projet de bois traité sous pression devraient spécifier :
- Le nom du produit (contreplaqué, sciage et bois d’oeuvre, poteaux ronds etc.);
- La classe d’emploi applicable (voir tableau);
- Un renvoi à la norme applicable (ex. : CSA O80 Série 08 – Préservation du bois);
- L’essence du bois désiré (ex. : pruche de l’est, pin gris, pin rouge, etc.);
- Le produit de préservation désiré (ex. : ACC, CAQ, CA-B, ACM, etc.);
- Les exigences particulières (ex. : préparation préalable au traitement ou après, conditionnement, séchage, etc.).
Il est aussi très important pour les spécificateurs de produits en bois traité de prendre en considération que les différents produits de préservation, dans un même environnement d’utilisation, peuvent réagir différemment avec les métaux des attaches, connexions et recouvrement. La plupart des produits sont oxydant et des attaches galvanisées sont à préconiser. Il est toujours conseillé de suivre les recommandations des manufacturiers de produits de traitement à cet égard.