Après 16 ans d’implication dans l’industrie québécoise de la construction en bois, l’ingénieure Caroline Frenette en a vu défiler des projets en bois au cours des dernières années, que ce soit comme conseillère technique chez Cecobois ou comme membre du jury des Prix d’excellence. InfoBOIS s’est entretenue avec notre ancienne collègue à l’approche de la date limite pour déposer un projet aux Prix d’excellence Cecobois afin d’en apprendre davantage sur son expérience en tant que membre du jury lors des six éditions précédentes. Voici le premier d’une série de deux articles (le prochain suivra dans l’infolettre de la semaine prochaine).
Caroline, tu as été membre du jury depuis la toute première édition des Prix d’excellence Cecobois en 2010. Comment qualifierais-tu l’évolution dont tu as été témoin dans les candidatures soumises à travers les années?
Je dirais qu’il n’y a pas eu qu’une seule, mais bien plusieurs évolutions. Tout d’abord, les projets en bois se sont multipliés de façon exponentielle. Pour donner un aperçu, lors de la première édition, on avait une plage de temps beaucoup plus large : les projets soumis devaient être réalisés au cours des 10 années précédentes. La construction en bois était alors surtout présente dans les bâtiments institutionnels et pour nous permettre d’avoir de la diversité, il nous fallait donc ratisser plus large. Aujourd’hui, on accepte seulement les candidatures pour des projets réalisés depuis le 30 septembre 2017, donc au cours des trois dernières années.
Non seulement les projets soumis à chacune des éditions des Prix d’excellence Cecobois ont augmenté en nombre, mais ils se sont diversifiés et ont également pris de l’ampleur. On n’a qu’à penser aux différents stades comme le Stade de soccer de Montréal ou encore aux bâtiments de grande hauteur comme les Condos Origine. Ceci est notamment dû au fait que les techniques de construction et les produits disponibles ont grandement évolué au fil des ans. Il y a également eu une nette amélioration du point de vue de la qualité des détails de conception. On voit que les professionnels sont de plus en plus nombreux à avoir développé une expertise en matière de construction en bois. Même, au début, on voyait surtout que les professionnels utilisaient le bois pour l’esthétique exceptionnelle qu’il conférait aux projets. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus sensibles à aller au-delà du geste architectural et à concevoir des détails bien pensés afin d’assurer la durabilité du bâtiment dans le temps, question qu’il reste tout aussi beau que lorsqu’il a été livré au client.
Photo : Stéphane Groleau
Crédit photo: Stéphane Groleau
Avant de te joindre à l’équipe de Cecobois, tu as travaillé plusieurs années en Europe. Comment crois-tu que le Québec se situe aujourd’hui dans le domaine de la construction en bois par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde? Sommes-nous en avance, en retard ou bien au même niveau?
Je crois que le Québec rattrape rapidement le retard qu’il avait par rapport à l’Europe. D’ailleurs, nous faisons très bonne figure quand on regarde le reste du Canada où nous sommes, avec la Colombie-Britannique, des pionniers en matière de construction en bois. Je dirais même que nous sommes des chefs de file à l’échelle nord-américaine, notamment en ce qui a trait aux bâtiments de grande hauteur. Nous sommes parmi les premiers à avoir construit des bâtiments multiétagés en bois dans une zone de fortes charges sismiques.
Je vois aussi que de plus en plus, les professionnels impliqués dans les projets de construction en bois développent un esprit de collaboration afin de bien imbriquer les aspects architecturaux et d’ingénierie. Cette synergie est à l’origine de projets de qualité supérieure et transparaît dans les candidatures reçues.
Crois-tu que les Prix d’excellence Cecobois ont joué un rôle dans l’effervescence et le désir d’innovation qui se manifestent désormais dans la construction en bois au Québec? Si oui, lequel?
Je suis persuadée que les Prix d’excellence Cecobois ont joué un rôle majeur dans la multiplication des bâtiments en bois au Québec. D’une part, en publicisant de beaux projets en bois, on a donné envie aux professionnels du bâtiment de construire davantage avec ce matériau bien de chez nous. Ils ont ainsi pu voir les multiples possibilités qu’offrait ce matériau qui peut notamment former des éléments courbés et donner un effet spectaculaire. Je crois également que les Prix d’excellence Cecobois ont permis de faire connaître les professionnels qui ont consacré temps et énergie afin de développer une expertise avec le bois, qui ont su oser et trouver des solutions innovantes.
Au-delà du concours en tant que tel, la soirée de gala est un événement festif qui donne envie de faire partie de la grande famille qu’est l’industrie de la construction en bois. Non seulement on y célèbre le travail des professionnels impliqués dans chacun des projets, mais c’est un événement rassembleur qui offre une occasion de se rencontrer et de nouer des liens entre les différents intervenants du milieu. À mon avis, le gala a servi de base pour la création d’un réseau fort qui compte aujourd’hui près d’une centaine d’entreprises intéressées par la construction en bois. Celui-ci ne cesse d’ailleurs de grandir, ce qui démontre qu’il y avait là un besoin que Cecobois a réussi à combler.
